Confinement…Qui es-tu ?

Confinement…Qui es-tu ?

Aux aurores, on ouvre un œil et on t’insulte…Au crépuscule, on ferme un œil et on te maudit. On tâtonne jour et nuit, on maugrée, on glisse timidement un nez dehors, mais bien vite, on se replie, car, sur tous les écrans en éveil, ton doigt menaçant se brandit, nous promettant la pire des malédictions.


Mais, maintenant, toi et moi, sans animosité, avec toute l’humilité des condamnés soumis dont je fais partie, peut-on se ménager quelques instants d’intimité, pour échanger des mots d’amis ?

Ecoute- moi, confinement ! Tu n’es ni sot, ni pervers, j’en suis convaincue. Je ne suis ni ignorante, ni rancunière. Fais-moi confiance ! Tu m’as assiégée, pour éliminer les menaces qui foisonnent dans un inconnu suspect. J’ai obéi et je salue ta vigilante bienveillance. Tu as respecté tous mes repères, mes grands amours que tu connais…la terre, la mer, les jardins, les parfums et tous ceux qui me sont chers. Au fil de mes randonnées matinales, j’ai retrouvé tous mes amis. Ils étaient là, mais…  Qu’as-tu fait ? Ils m’ont paru reconvertis ou peut-être suis-je moi-même une nouvelle née ! Non, je suis la même, mais mon regard éteint s’est rallumé. J’errai depuis longtemps avec un cœur certes, passionné, mais délaissé, englouti qui ne bâtait que par intermittences, ne sachant plus où trouver la beauté et l’amitié.

Oui, mon ami, le geôlier, en quelques semaines d’exil, j’ai appris, grâce à toi, à regarder, à découvrir, à admirer et à aimer. J’ai découvert des mimosas en fleurs, des citronniers dorés, des visages épurés, offrant, en toute simplicité, des tonnes de générosité, d’humanité. J’ai vu des visages marqués par la contrainte, l’assiduité, le poids des années, et toujours prêts à s’entraider. Je ne connaissais rien de ce pays qui est le mien, où j’ai grandi, et joui avec de bons amis. Et savez-vous pourquoi, tant d’ignorance et tant d’indifférence ? Parce que depuis de longues années, je marche, je cours, je lis, j’écris, comme un robot, avec pour seule arme, une intelligence artificielle, des fils électriques et des touches plastiques. Alors, mea culpa !

Dès lors que je te connais et que je t’ai situé et analysé, je me permets,

Oh Confinement, de te chuchoter, discrètement, au creux de l’oreille, un tout petit, petit, petit merci.  MOTUS