L'art, ça ne se mange pas…

L'art, ça ne se mange pas…

L’art ça ne se mange pas, alors ça n’intéresse personne, mis à part quelques paumés à la barbe naissante et quelques imberbes prétentieux.


Une salle de cinéma qui ferme ses portes ce sont des spectateurs en plus qui seront être sacrifiés sur l’autel de ‘’l’idiovisuel’’ et de la médiocrité ‘’cathodique ‘’. En plus, ces derniers temps, certaines salles sont devenues des hôtels de passes, des espaces où des prostituées jouent des films porno en direct et où les spectateurs deviennent des acteurs.

Un théâtre où de pseudos artistes proposent des gags usés, éculés et parfois vulgaires c’est un terrain propice à la médiocrité avec la prétention en prime, en déprime. Ils font rire le bon peuple sans faire le moindre effort pour le pousser à  réfléchir, à élever son niveau. Le stand-up tel qu’il est pratiqué c’est le fast-food de la culture et les funérailles de l’art scénique.

Un concert de musique qui se déroule devant un public essentiellement composé d’étrangers, le plus souvent des européens, ce sont des oreilles qui ne savent plus apprécier les œuvres de qualité. Des oreilles polluées par des sons vulgaires, comme le ‘’mézoued’’, cette cornemuse transformée en événement culturel sur la scène mythique du théâtre romain de Carthage il y a quelques années...

Une salle d’exposition de peinture qui ferme ses portes et qui se transforme en fast-food c’est le goût de toute une génération qui sentira le ketch up et la mayonnaise. D’ailleurs bon nombre de tunisiens déboursent des dizaines de Dinars en pizzas ou en hamburgers, mais rechignent à se payer un spectacle ou un livre pour une poignée de Dinars.

Des musées qui ne reçoivent que des visiteurs étrangers et qui sont vides le reste du temps, alors qu’il renferme des trésors historiques, c’est un drame silencieux. Car un peuple qui ignore ses racines, est un peuple qui n’a pas d’avenir.

Une maison de jeunes gérée par des fonctionnaires plus soucieux de leur prime de rendement que du développement de l’esprit créatif chez les jeunes, c’est de futurs adeptes de Daech que l’on prépare. Ces fonctionnaires se réunissent là tous les matins pour boire leur café froid et fumer des cigarettes et toute personne qui pénètre dans leur bulle est considérée comme intrus.

Contrairement à ce que l’on croit, l’art et la culture ne sont pas un luxe inutile. Ils sont aussi nécessaires pour un peuple que le pain. Des hommes et des femmes se sont battus depuis des décennies pour imposer leurs créations, malgré le manque de moyens, les pressions, le sabotage et la censure.

Pour bien comprendre l’utilité de la culture et des arts, il faut se souvenir de ces propos pleins de sagesse de l’ancien premier ministre anglais Winston Churchill. Alors que ses conseillers lui proposaient de couper dans le budget des arts, pour investir encore plus dans l'effort de guerre, il a répondu : Alors pourquoi nous battons-nous ? Une vision qui en dit long sur l’importance des arts dans l’éducation des masses.

Les jeunes générations ont besoin d’être pris en main pour les sortir de l’ignorance et de l’indigence culturelle où ils sont plongés depuis des années. Sinon ils iront grossir les rangs des extrémistes…