Le Ramadan le plus cher de l’histoire…

Le Ramadan le plus cher de l’histoire…

Se rendre aux marchés est un calvaire pour tout citoyen normalement constitué à cause des surprises quotidiennes qui l’attendent. Il y a les hausses de prix injustifiées, les bousculades irrationnelles d’une clientèle aussi pressée que stressée et qui arrive en ces lieux après avoir subi les affres de la circulation inextricable de la capitale…


Et puis lorsque l’on voit la qualité des produits comme ces viandes aux couleurs bizarres, ces poissons qui se souviennent vaguement de la mer, ces légumes fanés, ou fruits top verts ou trop mûrs, on se demande quel impact tout ce laisser aller peut avoir sur la santé des Tunisiens et surtout comment se fait-il qu’ils soient si immunisés contre les denrées périmées et les produits toxiques…

Il y a aussi ces prix qui atteignent des records absolus cette année, avec le Ramadan le plus cher de l’histoire de la Tunisie, car ils ne sont plus plafonnés par les autorités de tutelle. Les fruits frisent des sommets que peu de gens peuvent atteindre. Les légumes ont doublé de prix. Les autres denrées, on n’en parle même plus…

En plus on doit subir l’humeur grincheuse des vendeurs de fruits et légumes qui vous envoient sur les roses si vous contestez leur façon de choisir les fruits. Avec leur mauvaise humeur, ils ne vous donnent vraiment pas envie d’aller au marché, car vous vous retrouvez confronté à des bandits déguisés en vendeurs de fruits et légumes…

Et ce ne sont pas les visites sporadiques des agents de contrôle qui peuvent y mettre un terme. D’ailleurs ces agents qui circulent sans protection policière, sont souvent agressés par les bandits qui font la loi sur nos marchés. Les quelques balances contrôlées ne sont qu’une goutte dans un océan d’autres trafiquées, toujours en faveur des vendeurs. Sans parler de leur technique de prestidigitateurs qui consiste à glisser des fruits pourris dans le sachet, sans que l’on s’en rende compte.

Le plus incroyable, c’est que ces mêmes tricheurs, voleurs et autres arnaqueurs se retrouvent le soir pour prier Dieu afin qu’il les rende encore plus riches. Ils ont deux visages : l’un pour agir selon les conseils du diable et l’autre pour prier Dieu…

Ailleurs, dans les quartiers populaires et surtout dans certaines villes de l’intérieur, un grand nombre de citoyens ne peuvent même pas se payer le minimum vital. De quoi désespérer de nos gouvernants et de leurs belles promesses électorales.

Il y a aussi ces bus et ces métros où des hommes se bousculent. Mal habillés et mal rasés, ils donnent l’impression que ce mois saint est celui de la saleté et des mauvaises odeurs. Il y a ces femmes au visage bien pâle car c’est interdit de se faire belles pendant la journée et qui se laissent aller chaque jour un peu plus.

Alors une majorité de citoyens attendent la fin de ce calvaire, de cette punition générale à un peuple qui n’a rien fait pour subir toute cette misère, ce stress et ces agressions quotidiennes. Le Tunisien n’attend plus l’Aïd pour la fête, mais pour reposer son corps fatigué et ses nerfs à fleur de peau. Quant à son porte monnaie, il va continuer à souffrir avec l’arrivée de l’été.

Un cercle infernal d’où on ne sort jamais…